Nous en avions rêvé, Moto Journal l'a fait pour nous en nous offrant le privilège de tester pendant une matinée la nouvelle K1600 LT. Autant dire que nous étions tous enthousiastes à l'idée qu'une alternative à la Honda Goldwing puisse exister. Non que cette dernière ne convienne pas, elle a fait ses preuves très largement. Mais qu'un marché soit autant dépendant d'un seul type de véhicule est un peu gênant (et vice et versa). En outre, certains défauts de fiabilité, son prix et la récente sortie des professionnels des garanties contractuelles (voir article sur le sujet) ajoutaient à l'envie de voir un peu de concurrence s'établir sur la gamme des véhicules utilisables.
Au premier regard, la BMW est imposante mais comme souvent plus "classe" que sa consoeur japonaise : elle donne envie.
Le point de vue du chauffeur
Installé dessus, la position de conduite, légèrement plus haute que sur la Honda, présente toutefois un centre de gravité assez bas et permet pour un gabarit moyen de conserver ses pieds à plat au sol, ce qui ne sera pas forcément le cas pour un petit gabarit (<1m75). La position de conduite est droite et relativement agréable vis à vis de la route. A noter que nous avons essayé une version ou le siège conducteur est bas. La bulle électrique qui fait défaut sur la Gold est agréable.
Une fois le contact enclenché, le bruit moteur est impressionnant mais limite un peu bruyant à la conduite, avec une sorte de sifflement persistant qui pourrait user à la longue. On reconait assez vite le style BMW dès le sélecteur enclenché sur la première, avec le fameux "clac" de l'embrayage.
Il faut le dire, la conduite (seul) se révèle un vrai plaisir tant la maniabilité est au rdv, la BMW se conduisant quasiment commem un "vélo". La contrepartie serait de se prendre vite au jeu tellement elle répond et donne en vie de tourner la poignée d'accélérateur : sans y faire attention, on se retrouve vite à 100-110km/h. Le risque pour un moto taxi serait de se laisser tenter entre les trajets et de perdre rapidement quelques points de permis. Et ce d'autant qu'en terme de sécurité, le freinage est très impressionnant, incisif et précis : un 20/20 de ce côté là.
En terme de gabarit également, la largeur arrière en comprenant les saccoches latérales est très peu inférieur à celle de l'avant et de ses rétro viseurs : sur la Gold, une fois que l'avant est passé, le reste passe. Avec la BMW, mais c'est sûrement une question d'habitude, on a le sentiment qu'entre les files, on pourrait passer à l'avant et toucher à l'arrière, ce qui peut être moins rassurant.
Le point de vue du passager
Si le chauffeur passe le plus clair de son temps sur la moto et effectue quotidiennement pas loin de 350 à 400 km, il n'en reste pas moins que c'est le passager qui déterminera si oui ou non le véhicule lui convient. Car autant en voiture, le nombre de véhicules utilisés permettant un même confort est important, autant 2 véhicules à moto peuvent présenter d'un point de vue passager des différences sinon rédhibitoires, du moins flagrantes.
Premier constat : monter sur la BMW relèvera plus de l'escalade que sur une Gold dont le centre de gravité est très bas. Bien qu'on puisse également monter à l'arrêt sans la présence du chauffeur à bord, la hauteur de selle (plus haute en passager qu'en pilote) mais également les saccoches latérales rendent l'accès à la place arrière difficile, notamment pour les plus petits gabarits. Cette difficulté peut également occasionner des dommages au véhicule, aux saccoches et au siège arrière qui ne doivent pas être donnés à remplacer. Par ailleurs, la taille très réduite des marche pieds, en attendant que les accessoiristes proposent de vraies "plateformes"
Deuxième constat : la proximité avec le chauffeur est plus importante que sur la Gold où un espace de séparation est appréciable. Le fauteuil passager n'étant pas séparé de celui du chauffeur, cette proximité s'amplifie lors des freinages avec le sentiment de glisser vers l'avant
Troisième constat : que faire de ses mains ? Alors que l'assise de la Gold et notamment les hauts parleurs de chaque côté du siège arrière permette de "s'accouder" littéralement au fauteuil, les clients allant jusqu'à régulièrement pianoter sur leur téléphone portable pendant le trajet, la positions sur la BMW ne le permet pas. Les poignées étant plus difficiles d'accès par ailleurs, on se demande un peu quoi faire de ses mains et c'est un vrai désagrément par rapport à la Gold.
Quatrième constat : la position est plus haute par rapport au chauffeur, comme sur le Burgman. Certains préfèrent car voir la route permet de ne pas la subir et donc de ne pas être impressionné par le défilement des voitures d'autres aiment moins pour les mêmes raisons. A noter que la bulle protège néanmoins très bien du vent.
Cinquème constat : le dosseret est largement moins confortable que le fauteuil Pullman. Plus rigide et installé sur un Top Case qui n'est pas intégré au carénage comme sur la Goldwing, il a tendance à 'balancer" et donc "cogner dans le dos. A noter qu'à notre connaissance, seul le siège est chauffant alors que sur la Goldwing, le dossier l'est également, ce qui ajoutera à la différence de confort en hivers.
Enfin, le sentiment chauffeur est partagé par le passager : plus ludique et plus maniable, le véhicule donne une impression plus proche de la moto que du fauteuil sur coussin d'air que représente la Gold. Là encore, certains préfèreront et les connaisseurs apprécieront peut être plus la tenue de route, le freinage plus sécurisant, et d'autres préfèreront le côté plus "pépère" (mais ce n'est que le ressenti passager) de la Gold, cette impression d'être dans un cocon sur 2 roues.
Parmis les autres points "en vrac' que nous avons notés :
- il faudra définir comment installer un tablier passager alors que la place entre chauffeur et passager est déjà réduite
- les rétroviseurs semblent moins fragiles : seront-ils moins chers à remplacer en cas de casse ?
- il faudra éventuellement adapter plusieurs accéssoires pour rendre la BMW aussi confortable que la Golwing, réduisant d'autant l'écart de prix entre les véhicules : annoncé tout équipé à 26 000 Euros TTC mais sans semble-t-il de volonté de remise par BMW, lorsque Honda propose une remise de 13% sur un modèle 2012 à 32 000 Euros TTC pour un usage moto taxi.
- c'est encore l'inconnu sur les frais d'entretiens d'une telle machine mais l'inquiétude se pose sur la fiabilité, compte tenu de la quantité d'électronique embarquée sur le véhicule et source potentielle de dysfonctionnement.
- la capacité de rangement semble relativement similaire à la Goldwing, les valises larges et le Top Cas permettant à priori d'embarquer tout le nécessaire passager pour pratiquer l'activité.
En conclusion, mais tout en prenant en compte que l'essai n'aura duré que quelques heures, la BMW ne semble pas en mesure de détrôner la Gold et ni d'offrir une alternative au Burgman 650 compte tenu de la différence de prix. Peut être les utilisateurs de Pan European y trouveront-ils une bonne alternative ....
Si vous l'avez essayée, faites nous part également de vos commentaires.....si vous l'utilisez, faites nous part également de votre vécu.